terça-feira, 1 de maio de 2012

64. e 65. - 64. A dupla articulação – fonemas, letras, palavras, frases... 65. 65. A questão da metalinguagem e outras questões.Tentando explicar.







65. A questão da metalinguagem e outras questões.Tentando explicar.

L.T.: Vou citar o§ 69 do La philo avec sciences...:


69. On peut donner pour le langage des exemples semblables d’oscillations entre petites répétitions et événements. Les phonèmes (ou les lettres) sont des répétitions strictes, la voix qui les prononce ayant un rôle énergétique de moteur, d’ex-pression (ou les doigts sur le clavier, d’im-pression). Mais les phrases que l’on dit impliquent des quantités de règles de morphologie et syntaxe, prépositions, conjonctions, accord de genre et nombre, flexions des verbes, quenous faisons automatiquement, sans y songer. On peut supposer que nous choisissons, très vite d’ailleurs, les noms et adjectifs, verbes et adverbes, mais ils nous arrivent à la bouche et à la main déjà enchaînés en phrases linguistiquement correctes. Pourrions-nous parler s’il nous fallait faire attention à chacune deces règles ? Ce sont les propriétés syntaxiques des verbes analysées par M. Gross qui sortent chez chacun de nous toutes faites, nous permettant les conversations de chaque jour avec leurs aléatoires, permettant aussi d’écrire de vrais événements, des poèmes, de la littérature : oscillation entre la banalité du quotidien et l’événement de pensée.


Tentando explicar. O que segue pode estar mal explicado, mas foi escrito quase de seguida, e por isso poderá haver falhas no modo de abordagem destas questões, até porque não as domino como tu. Mas a ideia é mais ou menos esta quanto ao que me pediste para explicar, tentando simplificar, e de outro modo.
A autonomia e heteronomia apagada, as regras morfológicas e sintácticas que usamos sem que saibamos delas quando falamos ou escrevemos, os saberes que nos são doados pelos nossos pais, mestres, os usos da cozinha, etc., tudo isto instituído por gestos repetidos de que não damos propriamente conta obedecem a uma doação em retiro. Estabeleçamos que se trata aqui de um primeiro tempo. Mas falar, pensar e escrever sobre estas regras, estes motivos que nos movem, isto não obedece a um como que segundo tempo, posto que para o fazer, para escrever, pensar e falar sobre estas questões, teremos de nos mover ainda sem pensar ou mais propriamente sem estarmos conscientes dessas regras? Por exemplo, no que respeita às regras morfológicas e sintácticas, bem como no exemplo das letras e dos fonemas que dei no texto anterior, que usamos para escrever e falar sobre essas mesmas questões?
Não sei se estou a explicar-me bem.

22/04/2012

F.B. : Sim,claro, é o que se chamou nos anos 60 'metalinguagem', um discurso de linguagem sobre a linguagem. Eu não acho que o termo seja preciso, trata-se do texto gnosiológico que se faz sobre 'idealidades', digamos, sobre aquilo que é arrancado ao seu contexto para ser analisado por comparações ou experimentações. A linguística funciona assim sobre letras, fonemas, palavras, morfologias, regras de sintaxe.
O que eu não compreendi na 1ª questão ´foi o 'de fora': não há 'dentro' de umfonema, duma letra, duma palavra. Fala-se sobre uma palavra com outras palavra se a própria também que se repete sempre que for preciso, mas nunca se a 'abre'ou 'fecha'. Na língua não há senão diferenças também creio jogar aqui.
Quanto à consciência das regras, não creio que ela possa jamais existir, elas só são eficientes por não serem conscientes. O linguista, ou o fenomenólogo,restitui essas regras, constrói-as sem as 'ver', dedu-las de experimentações de comutações, etc. Tudo o que é feito em ciências é assim, em filosofia também,nunca se trata de 'estar a ver' e 'copiar', como se fosse uma fotografia realista. Pensar não releva da visão nem da sensibilidade no que diz respeito ao que se pensa (releva da diferença entre sons ou grafias no que releva da sua própria fala ou escrita). Será suficiente?

22/04/2012

L.T. :
É suficiente

22/04/2012




 64. A dupla articulação – fonemas, letras, palavras, frases...



L.T. : Cito o § 35 do livro La philosophie avec sciences au XX siècle:
35. Ce sont les mots qui sont doublement articulés, liés. D’une part, ils sont liés aux phonèmes (lettres, dans l’écriture) qui le composent, dont il suffit le changement d’un(e) seul(e), d’un accent, pour qu’il s’agisse d’un tout autre mot, dont le sens n’aura la plupart du temps aucun rapport avec lui. Ce lien est constitutif du signifiant de chez Saussure, différence de phonèmes (lettres) entre eux, quoi qu’il en soit des sons des voix qui disent le mot ou des graphies qui l’écrivent : seules leurs différences comptent[2]. Or, ces phonèmes et ces lettres sont retirés strictement de la scène du sens de la communication, d’eux mêmes ils ne veulent rien dire, ne sont non plus l’image de rien, et c’est pourquoi, au contraire des caractères mathématiques, conventionnels et devenu universels dans les écoles du monde entier, les mots qu’ils permettent de composer sont immotivés, chaque langue étant immanente dans son système signifiant, c’est cequi les rend étrangères les unes aux autres. C’est l’écueil essentiel de la traduction[3] entre deux langues sans parenté : il faut essayer de garder le même sens textuel en changeant absolument de système phonologique signifiant qui, de lui-même, n’a pas de rapport à la pensée (pour parler, on ‘choisit’ ses mots, pas les phonèmes, ni même les prépositions,articles, accords morphologiques, tout cela ‘vient’ avec, sans que l’on sache comment).
[2] C’est où se situe le gros problème dans les essais de faire ‘écrire’ les voix directement sur l’ordinateur, sans passer par le tablier, et celui de réussir un scanning rigoureux des manuscrits, voire des différentes typographies.
[3] C’est sans doute la raison pour laquelle il n’y a pas de théorie de traduction ni d’ailleurs de théorie de dictionnaire,deux activités qui restent tout à fait empiriques, livrés à l’art de ceux qui les cultivent : il n’y a pas de rapport entre le(s) sens d’un mot et ses phonèmes, chacun dépend de sa loi et elles sont incompatibles.
Nota : A mensagem 7 inclui os § 33 – 38 deste livro.

Questão. Imagina que alguém discorda de alguns textos teus e coloca a seguinte dificuldade sem ponto de interrogação (por exemplo o § 35 do La philo.avec scie). Nestas condições acho que é uma questão possível e supondo que nunca te foi colocada - não sei – coloco-a eu. Portanto, vou supor-me no lugar de alguém, visto que também gostaria de colocar-te esta questão, embora não esteja certo da objecção que segue, e na curiosidade de ler a resposta se assim entenderes: "não é possível escrever e falar de palavras, letras e fonemas sem um de fora deles." Até aqui parece-me que concordarás e vai na linha das tuas argumentações e dos textos dos autores sobre estes motivos. No entanto a pessoa acrescenta a seguinte objecção: " mas isto é já um 'depois', um 'acerca de', um 'sobre'.”

21/04/2012

F.B. : Não sei se percebi a primeira parte, porque não percebi a segunda e daí a dúvida sobre a primeira. Podes explicar melhor a 'objecção'?

22/04/2012





Oscillation entre répétitions de routine et événement
66. Le retrait strict concerne une partie de l’assemblage, il en retient le trop énergétique en des répétitions que l’on peut dire automatiques, car en dehors de toute interférence directe : dans le cas de la voiture, par exemple, il est impossible de mettre la main dans le cylindre où se produit l’explosion de l’essence ; le noyau atomique est inexpugnable dans les conditions terrestres de température[1] ;les biologistes défendent comme un dogme que l’ADN ne reçoit pas d’acquisitions de l’environnement ; le système phonologique de chaque langue résiste aussi très fortement aux changements dans la longue durée, reformule la phonétique des mots étrangers empruntés ; l’interdit de l’inceste reste imprenable quant tous les ‘tabous’ sexuels semblent être tombés ; le nom même de refoulement dit comment tout ce qui l’approche est englouti avec ; c’est la résistance des paradigmes chez les usagers qui se joue contre tout essai de réforme. Certes, ils sont susceptibles de lents changements, cela est même la caractéristique de la modernité, mais les sociétés traditionnelles résistent fortement au changement, cette résistance est un des rôles des mythes et des rituels religieux. Or, il est évident que ces répétitions automatiques ne sont pas adéquates aux scènes où leur loi oblige à tenir compte de l’aléatoire venu d’autres assemblages autonomes, c’est pourquoi il faut un mécanisme de régulation qui doit être capable autant de la spontanéité de l’autonomie que dela malléabilité rigoureuse de l’adéquation à la scène des autres, à sa loi de circulation. Dans le cas de la voiture, plus simple parce que sans auto-nutrition, cette régulation est assurée par l’appareil, tout ce qui n’est pas le moteur cylindrique d’explosion. Débrayé, celui-ci n'est que les ré­pétitions strictes du piston, sans véritable ef­fort. L'embrayage et la boîte à vitesses sont des méca­nismes d'oscilla­tion qui permettent à la machine de changer de compor­tement selon les aléas du trafic, de freiner en toute vites­se, ou l'inverse, d'accélérer quand la voie se dé­bloque, de gagner de l'intensité, de l'ivresse de con­duire : c'est plutôt un événement par rapport à la mono­to­nie d'un embou­teillage, toutefaite de petites ré­pétitions. Ces mé­canismes se ré­pè­tent – comme usage - chez le conducteur de la voiture. Il a appris à régler les petites ré­péti­tions de la ma­chine et leurs oscillations, à gag­ner lui aussi des petites répéti­tions automatiques dans la condui­te, à devenir lui-même une pièce de la machine, puisque ses mouvements doi­vent sui­vre les aléas du trafic quasi machinale­ment, automatique­ment, presque sans faire attention, avec la spontanéité de l'habileté, attentif à la direction à prendre, aux au­tres voi­tures, aux signaux de la route, dans une sorte d’attention flottante, en jargon psycha­nalyste, que les peti­tes répétitions de l’appareil rendent possible par leur automatis­me. L'at­tention est en attente d'un événement toujours possible ou bien à la re­cher­che d'une intensi­té de vites­se, dans un rallye ou une voiture de police poursuivant des bandits dans un film d'action.
67. En venant à la biologie, laissons de côté la question compliquée du métabolisme cellulaire, pour envisager cet étonnant ‘milieu intérieur’ (Claude Bernard) que J.-D.Vincent (1986) expose et dont l’équilibre homéostatique est le véritable enjeu de tout organisme animal, équilibre du sang entre deux seuils : de température, de tension artérielle et d’osmose, taux divers s’oxygène, sucre, pH, et ainsi de suite. La routine de la respiration (qui a ses événements : rhume, toux, cigare, course) et celle de la circulation du sang (événements : repas ou jeûne, indigestion, infection, ivresse), cesont des petites répétitions au service de l’alimentation de chaque cellule del’organisme, dont le métabolisme est incessamment répétitif, en quelque sorteen retrait strict de l’ensemble organique. On retrouve donc une régulation entre petites répétitions et événements qui pourra nous aider à mieux préciser,de façon fort brève, ce qui est en question dans tout retrait régulateur :un équilibre instable, oscillant, car dépendant de la diversité du jeu de l’aléatoire extérieur où il puise de quoi maintenir sa stabilité. Le jeu hormonal semble être le principal mécanisme qui veille sur cet équilibre, soit en jouant sur des organes internes, soit en poussant à des comportements (de prédation, de fuite au prédateur, au froid ouà la chaleur, etc). Pour y arriver, il doit pouvoir être ‘présent’ quand il lefaut et rester ‘absent’ quand il ne le faut pas (l’hormone qui commande la faimdeux heures et demie, à peu près, avant que les cellules en aient besoin, doit être annulée par une autre de satiété dès que le repas soit suffisant, là encore bien avant que les cellules en aient bénéficié). C’est cette oscillation entre absence et présence qui semble caractéristique de cette régulation, l’absence étant justement un retrait disponible pour toute éventualité, à la façon de l’attention flottante de l’automobiliste.
68. Cet exemple permet de revenir au jeu du cerveau et de sa mystérieuse mémoire. Soulignons les oscillations entre l’attention enprise sur l’événement (ou surprise par) et l’autre attention, qui flotte surles usages de routine ; oscillation ensuite entre cette attention de travail routinier et la relaxation de la rêverie, où l’on se laisse aller, et encore entre celle-ci et le sommeil ; et encore, Jouvet nous l’a appris,oscillation entre le sommeil profond ou lent et le sommeil paradoxal des rêves. Le monde de la psychologie connaît un éventail d’oscillations que les pathologies, la dépression par exemple, ne font qu’étendre. D’autre part, la mémoire requise par ces oscillations. Qui sait dire ce qu’est la mémoire ? En principe, on l’a dit, la réponse est simple et exacte : elle ne peut être autre chose que les graphes des synapses neuronales (Changeux), sous forme chimique, qui est susceptible de stabilité en contrepoint avec le flux nerveux,à électricité ionique (donc capable de chimie), qui parcourt ces graphes, graphés d’ailleurs par la répétition de ces flux. Plus difficile est-il de préciser un peu plus. Soit l’exemple de la langue : quand moi, portugais, j’écris en français, où est ma mémoire de ma langue ?[2]Et vice-versa, quand je parle portugais, où est-il, mon français ? La mémoire est absence. Nous savons une immensité de choses depuis que nous avons appris à parler et sommes allés à l’école : il nous est toutefois impossible de ‘savoir’ explicitement cet immense savoir, de l’exposer devant nous à la façon d’une encyclopédie personnelle, il ne vient qu’aucompte-gouttes, quand l’aléatoire d’un événement attire notre attention et lefait ‘souvenir’. Un souvenir n’est jamais qu’un fragment infime de cette mémoire qui sou/devient ‘présent’, l’immense mémoire restant ‘absente’,oubliée. En retrait. Il ne vient qu’à l’appel d’autre chose, soit même une association d’idées, selon des règles qui nous échappent presque totalement[3], en dehors de celles des textes, linguistiques et culturelles à la fois, aux quelleselle obéisse, semble-t-il, et qui ont disparu des rêves.
69. On peut donner pour le langage des exemples semblables d’oscillations entre petites répétitions et événements. Les phonèmes (ou les lettres) sont des répétitions strictes, la voix qui les prononce ayant un rôle énergétique de moteur, d’ex-pression (ou les doigts sur le clavier, d’im-pression). Mais les phrases que l’on dit impliquent des quantités de règles de morphologie et syntaxe, prépositions, conjonctions, accord de genre et nombre, flexions des verbes, quenous faisons automatiquement, sans y songer. On peut supposer que nous choisissons, très vite d’ailleurs, les noms et adjectifs, verbes et adverbes, mais ils nous arrivent à la bouche et à la main déjà enchaînés en phrases linguistiquement correctes. Pourrions-nous parler s’il nous fallait faire attention à chacune deces règles ? Ce sont les propriétés syntaxiques des verbes analysées par M. Gross qui sortent chez chacun de nous toutes faites, nous permettant les conversations de chaque jour avec leurs aléatoires, permettant aussi d’écrirede vrais événements, des poèmes, de la littérature : oscillation entre labanalité du quotidien et l’événement de pensée.
70. Les unités sociales privées qui sont retirées strictement, le sont pour assurer la routine quotidienne des usages, différents selon les spécialisations, certes, mais selon des gestes (de cuisine ou d’hygiène, écrire sur du papier, poser des briques, ranger des boîtes, que sais-je ?) qui se répètent partout. Cette routine, si décriée par l’idéologie de la modernité, est toutefoisc e que toute entreprise doit assurer pour avoir un minimum de productivité, puisque celle-ci serait nulle, ou plutôt fort négative, si chacun devait inventer ses gestes à chaque minute. Elle est, au contraire de ce que l’on semble souvent penser, la condition de l’habileté et de la souplesse face à tout événement, toute difficulté qu’il faille tourner ou résoudre plus ou moins rapidement : de même que sur la route, quand l’accident possible se présente,il faut dominer les petites répétitions et non point inventer des nouveautés ! Week-ends, congés, vacances, ce sont pour ceux qui travaillent des événements qui interrompent cette routine, comme pour le patron la conclusion d’une bonne affaire ou, à l’inverse, une grève de son personnel, une épidémie, une révolution.
71. Les unitéssociales, ont-elles une mémoire ? C’est justement le rôle du paradigme de Kuhn, tel qu’il l’a défini(§ 76), si l’on l’élargit des systèmes d’usages des laboratoires scientifiques à ceux de toute unité sociale : ce qui, en les attirant[4], lie les divers usagers pour accomplir les usages tels qu’on les a appris des aînés initiés, son système de recettes en somme, mémoire sociale de ce qu’il faut faire. Dès que le cerveau est requis, langage, usage, apprentissage, unité sociale, la mémoire en fait partie : absence qui devient présente de façon fragmentaire par ses effets dans la scène en question, retrait régulateur qui rend les répétitions susceptibles d’adéquation à l’aléatoire des événements, de même que, mutatis mutandis, le jeu des hormones pour réguler l’équilibre homéostatique du sang. On ne peut plus opposer structure/événement, répétition / singulier, langue / parole, espèce, institution, société / individu et ainsi de suite : aucun de ces termes n’est qu’une forme d’oscillation entropique avec l’autre de son couple.

Définition d’assemblage : un mécanisme d’autonomie avec hétéronomie effacée
72. On peut maintenant essayer de donner une définition phénoménologique d’assemblage, le pendant (en chaque scène) de l’étant des philosophes. C’est un ‘mécanisme’, ce mot disant que l’assemblage, composition de plusieurs éléments assemblés, est doué de mouvement avec des règles ; ce mouvement est ‘autonome’, ce qui implique que ses éléments, tout en formant un mécanisme, soient dédoublés, agencés,liés selon deux types de retrait, l’un interne au mécanisme, l’autre regardant la scène où il produit des effets selon l’aléatoire de la respective circulation. Cette ‘autonomie’ est ‘donnée’ à l’assemblage par la scène elle-même, reçue d’autres assemblages : elle est donc une ‘hétéronomie’qui se doit d’être ‘effacée’, dissimulée, pour que l’autonomie soit ‘propre’ au mécanisme. La donation est elle-même double : des ancêtres, progéniteurs ou maîtres, d’une part, et d’autre part des mécanismes incessants d’altération des assemblages, de ‘nutrition’ (biologique, de nouveaux apprentissage,nouveaux savoirs) ; de façon générale,la donation est le fait de la scène de circulation elle-même, qui a donné aussi ces ancêtres et donne ces ‘nutritions’, avec les respectives énergies rendant possible la circulation de chaque assemblage et donc la scène. On retrouve ainsi, au niveau phénoménologique, le pendant ontique de ce que Heidegger a pensé au niveau ontologique (on y reviendra dans la 3epartie).
73. Il y a donation avec retrait (Rdon), soit hétéronomie effacée, d’un mécanisme en double retrait, l’un strict (rstr), l’autre régulateur (rreg), qui lui rend son autonomie dans la scène. On peut formuler ainsi :
Rdon =>rstr -> rreg
où => signifie que ce qui suit est ce qui est le don, c’est-à-dire l’assemblage, et - > l’articulation indissociable des deux retraits en ‘un’ double lien, chacun impliquant une loi dont l’incompatibilité implique le retrait strict de type (en général) énergétique par effet de la loi qui se rapporte au jeu aléatoire de la scène. La scène est caractérisée par le type de retraitstrict de ses assemblages : la scène à ADN est celle de l’alimentation, la scène à unités sociales comme paradigmes d’usages est celle de l’habitation, la scène à phonèmes ou lettres est celle de l’inscription. Il nous manque pourl’instant la scène où le retrait strict est celui des noyaux atomiques, scènede la gravitation. Ces quatre grandes scènes répondent des quatre grands domaines des sciences et respectent leurs respectives autonomies méthodologiques. Mais il va de soi que ces scènes sontdes déploiements les unes des autres, à partir de celle de la gravitation, déploiements que l’on suivra au deuxième chapitre : les lois dégagées par chaque science au niveau de la circulation de la scène respective restent valables dans les scènes suivantes, mais ne rendent pas compte des lois propres de la nouvelle scène, comme les réductionnismes le voudraient.
74. Ainsi, la chimie minérale n’est pas suffisante pour comprendre les structures dissipatives de Prigogine (§ 89) qui relèvent de la biochimie et impliquent le niveau supramoléculairedes cellules, permettant deux types de matière différents (§ 94-5), chacun dépendent de sa chimie. De même, la biochimie n’est pas suffisante pour comprendre la différence entre les cuisines des diverses sociétés, ni la diversité des usages de celles-ci n’explique la différence de leurs langues. Dans ces deux cas, on peut parler, comme Saussure, d’immotivation de la nouvelle scène par rapport à celle où elle est déployée.
75. Il y a des degrés d’indétermination au-dedans de chacune des quatre grandes scènes, qui augmente selon l’éventail de possibilités dont le retrait régulateur est capable, et pour ainsi dire elle se multiplie avec le déploiement des doubles liens les unsà partir des autres. Soit un exemple important, celui de la santé. Si l’on regarde le triple double lien d’un mammifère, sa santé se situe dans le deuxième, entre la proie chassée et mangée du troisième qui lui sert de nourriture et les cellules du premier qui la recevront digérée en molécules de carbone ; la santé correspondra ainsi à l’équilibre réussi del’homéostasie du sang de ce mammifère. Mais le mammifère humain ne peut le réussir sans tenir compte de son quatrième lien[5]qui le lie aux autres usagers de son unité sociale (au pluriel dans nos sociétés complexes), où ses envies doivent être disciplinées dans l’exécution des usages qui lui reviennent en tant que condition d’habitation et d’alimentation. Or, ces systèmes à plusieurs usagers, famille, école, emploi, oscillent selon les temporalités des usages mais aussi selon les envies de tousles autres, ce qui implique que, en général, des parents, des maîtres ou des chefs aient un rôle régulateur de cette discipline nécessaire et difficile. On peut parler ici d’une certaine homéostasie écologique de l’unité sociale, dont les explosions ou, à l’inverse, les implosions peuvent toujours mal mener chacun des usagers, même si la nourriture ne manque pas. Les excès ou les manques ont des incidences - ‘psychologiques’, comme on dit - sur le triple double lien dela scène de l’alimentation et engendrent souvent des maladies dites psychosomatiques qui ne seraient que l’effet des excès du système d’usagers de l’unité sociale. C’est à dire, la médicine contemporaine le sait de plus en plus, que la santé consiste dans l’équilibre entre deux homéostasies et que l’on ne peut se limiter à netenir compte que de ‘l’organique’ et de sa chimie, à prescrire des médicaments, sans songer à des politiques concernant le social. À la limite, la faim - qui touche le tout premier de ces doubles liens de la santé de tout un chacun - est le problème social primordial que devra résoudre la science économique, la nouvelle économie politique réclamée par les récessions des années 2008-9 (§§193-203).



[1] Voir plus loin §§ 84-7.
[2] « Dans les fautes », répond, malicieuse, Wally Bourdet, qui les a corrigées.
[3] La psychanalyse a fait jouer defaçon fort astucieuse l’association d’idées pour en trouver quelques unes. Ces règles sont-elles des petites répétitions ? Comme les petits vieux qui se répètent, ou nous-mêmes, quand quelque chose nous préoccupe très fort et devenons incapables de penser à autre chose ?
[4]Par vocation au métier, d’une part, par le salaire nécessaire pour la nourriture, d’autre part (pour beaucoup, hélas !, celui-ci étant le seul qui compte).
[5]Les autres mammifères en auront des équivalents éthologiques que j’ignore.



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Imagens: pintura e fotografia - obras plástica de Luís de Barreiros Tavares


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